Humour en temps de guerre
L'humour est une forme de résistance répandue en période de conflit. Le dessin humoristique, la caricature, par exemple, sortent l'individu de l'isolement que lui impose la guerre, les blagues lui rendent espoir, l'aident à surmonter une situation à la fois difficile et humiliante, mais surtout lui rappellent qu'il n'est pas le seul à éprouver un ressentiment face à l'oppresseur. C'est une sorte de palliatif à la morosité, un échappatoire face aux difficultés. Le rire aide à supporter le quotidien.
Dans les journaux et magazines, les dessins essaient de dédramatiser. Certains caricaturistes s'en donnent à cœur joie puisqu'ils sont censurés sur d'autres sujets. Tout est propos à moquerie : les “ersatz” (produits de substitution), les prix à la hausse, les files d'attente devant les magasins, la vie dans les caves…Les situations du quotidien sont tournées en ridicule, rendues absurdes et cocasses.
Durant l'occupation, l'expression graphique prend des formes multiples et inattendues. Elle est partout. Plus qu'un simple aspect anecdotique, elle en devient un enjeu stratégique. Tracts, journaux clandestins, affiches se multiplient ; la représentation figurée est au cœur de la propagande.
C'est une guerre psychologique aussi car la caricature donne une certaine image, souvent méchante et violente ; elle influence les comportements et les sentiments. L'humour peut être noir, ironique et surtout très mal intentionné. L'image est un puissant relais de l'écrit pour diffuser une idée auprès de l'opinion publique.
Avec la libération, les dessins de presse réapparaissent plein d'insolence, de dérision et d'esprit de revanche, parfois de vengeance. C'est l'exorcisation par l'humour des années de souffrance. Les thèmes récurrents sont les collaborateurs, la déroute des nazis, les difficultés quotidiennes, toujours présentes.
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