De la libération à la Bataille des Ardennes
8 septembre 1944 – 16 décembre 1944, 100 jours entre la libération de Liège et l'attaque allemande des Ardennes. Parcourons en quelques lignes les épisodes marquants de cette période.
Les Allemands ne sont plus là ! Pourtant la joie de début septembre fait long feu et laisse la place aux préoccupations. La pénurie alimentaire se poursuit et les timbres de rationnement ne disparaissent pas. La situation économique est peu brillante. Les différents secteurs industriels, touchés par la ruine ou le vieillissement des installations, éprouvent des difficultés pour une reprise correcte. L'incertitude politique règne et un climat passionnel accompagne l'épuration.
La désorganisation est totale et la remise en ordre des administrations, provinciale et communale, soit un mouvement en sens inverse de ce que l'occupant a imprimé durant les dernières années, n'est pas un simple retour à la case de départ et les mesures à prendre et les dispositions à arrêter ne sont pas une mince affaire ; des problèmes administratifs énormes requièrent l'attention des responsables qui, le plus souvent, n'ont plus exercé depuis des années.
Les dommages causés aux biens privés et au patrimoine public sont considérables ; les routes sont en mauvais état, voire impraticables, les ponts détruits, les voies de chemin de fer inutilisables, les moyens de communication dérisoires. Par ailleurs, le ravitaillement de la population pose à nouveau des problèmes insolubles.
Il faut aussi organiser des contacts avec les armées alliées ; la présence d'une armée, fût-elle amie, fait problème car il faut s'accommoder des exigences, prévoir ou subir les réquisitions pour les cantonnements, les hôpitaux, les pistes d'atterrissage, les entrepôts de matériel, les dépôts de carburant mais aussi le passage des troupes et du matériel de guerre, car la guerre est loin d'être finie…
Liège et sa province se trouvent en effet dans ce qu'il est convenu d'appeler la zone de guerre ; ce qui pourrait apparaître comme n'étant qu'une banalité administrative ou une simple formule juridique va tragiquement redevenir une réalité.
Le 21 novembre, les habitants assistent aux premières manifestations d'armes nouvelles, les sinistres et terrifiants V1 et V2 que les Liégeois baptisent familièrement sous le nom de robots. Le 16 décembre, c'est le déclenchement de l'opération Wacht am Rhein, Garde du Rhin, (voir Remember, Gazette de guerre n° 3), et, avec la confirmation quotidienne des V1 et V2, la population wallonne connaît à nouveau, durant 45 jours, les derniers sursauts allemands, s'exprimant par une offensive apportant dans nos régions la désolation, la mort, de nouvelles adversités et d'innombrables destructions dans les villes et les villages.
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