Guy Vandeloise – Juliette Rousseff à la Boverie : 23/02 au 1/04/2018

L'exposition, consacrée aux deux artistes liégeois Guy Vandeloise et Juliette Rousseff, est la première manifestation organisée par la Fondation Province de Liège pour l'Art et la Culture, récemment fondée en 2017.

Guy Vandeloise

affiche officielle

Il est né à Liège en 1937. Artiste plasticien multidisciplinaire, il a étudié la sculpture, la peinture et le dessin. Attaché à sa ville natale, il y vit et travaille encore aujourd'hui. Artiste mais aussi docteur en histoire de l'art et professeur d'esthétique, de sémiologie, d'histoire de l'art du XX^e siècle ; conservateur, organisateur d'expositions, fondateur de galeries, auteur, actif à l'APIAW. Aujourd'hui président du Comité de sélection de l'Espace Jeunes Artistes de la Ville de Liège, Guy Vandeloise est un homme d'esprit, de culture, profondément attaché et investi dans la création plastique ; il l'approche et s'en saisit par des biais multiples et complémentaires lui permettant d'en percevoir l'essence, d'accroître sa réflexion. Mais c'est aussi un homme de cœur, dévoué aux artistes qu'il découvre, encourage, soutient en dépit des cultures académiques dominantes.

Sa création, elle aussi, est multiple. Elle embrasse la 2^e et la 3^e dimension, et les styles, les techniques et moyens utilisés sont variés. Des sculptures mettent en avant la vérité de la matière (ainsi sa série Elle). Des écritures traduisent des jeux d'esprits et d'idées, mélangeant le verbe, le dessin, les concepts… (ainsi ses Rébus, ses Chants d'oiseau, ses écritures advenues). Ses peintures et ses dessins peuvent être figuratifs avec un réalisme affirmé ou plus allusifs. Ses Constructions en 3 dimensions, comme d'autres dessins et peintures peuvent aussi être abstraits, même si l'abstraction est vécue figurative dans sa volonté d'exprimer des données du réel. Mais quel que soit le style, le moyen choisi, l'artiste déchiffre l'apparente banalité du quotidien, la transpose en formes artistiques, en réflexions philosophiques. Les thématiques proviennent d'une fascination pour un objet inanimé, une matière vivante, une trace, un rêve, une réminiscence… en tout cas pour un moment vécu traduisant une rencontre.

Car pour Guy Vandeloise, l'œuvre est le résultat d'une rencontre entre les multiples aspects de l'univers et les facettes de son moi. L'œuvre est un moment de communion vécu avec différents donnés (un néologisme créé par cet artiste philosophe¹) de la réalité. Il formalise ces donnés et les rend compatibles avec la forme plastique choisie la plus appropriée, car n'importe quelle forme est une manière de manifester le réel qui nous a rejoints.

La plupart des œuvres, présentées dans cette exposition, appartiennent encore à la propre collection du couple. Une soixantaine, sont postérieures à 2001, l'année d'une rétrospective organisée au MAMAC (Musée d'Art moderne et d'Art contemporain). Des œuvres qui n'ont donc, pour la majorité, jamais été exposées. Néanmoins une installation donnera une certaine vision d'ensemble des différentes étapes de sa création au cours de sa riche et longue carrière. Des dessins mais encore des sculptures, des constructions, des écritures et des séries de peinture. Car la série est aussi une façon d'exprimer davantage les facettes de ses rencontres, d'ajouter une dimension temporelle, de déployer le temps en utilisant l'espace, de développer la pensée à travers la matière et la forme. Tout ne se résume pas en un, mais s'étire, se déploie, s'exprime, se narre.

Juliette Rousseff

Elle est née à Liège le 4 juin 1943. Son père était bulgare et sa mère liégeoise. Elle a toujours vécu à Liège et est, elle aussi, profondément attachée à cette cité. Romaniste, elle a étudié à l'Université de Liège mais aussi à l'Académie des Beaux-Arts, la peinture et le textile.

Si elle a commencé comme professeur de français, elle a aussi donné des cours de peinture mais également de textile, technique qu'elle utilisera dans ses compositions picturales.

Elle a exposé dans de nombreux centres d'art, galeries, musées en Belgique mais aussi parfois à l'étranger. Elle a organisé des expositions, des stages, a donné des conférences et s'est beaucoup investie dans la réalisation de l'art du textile, à Liège et à l'étranger.

Dans son appréhension du monde, Juliette Rousseff préfère ce qui est caché plutôt que ce qui est apparent. L'ambivalence du réel, avec ses mythes et ses symboles, elle la perçoit et veut la traduire dans son œuvre artistique car pour qu'un mythe soit « revécu », il doit s'ancrer dans une réalité apparente. Elle comprend que ses sensations sont le vrai chemin d'accès à ces mondes cachés, ses outils sont ses yeux, ses mains : l'Autre Face devait descendre en moi, y prendre forme à l'aide de mon regard sur les éléments du monde, et être traduit par ma main. L'artiste pratique la broderie car elle satisfait, nous dit-elle, son sens du touché, de fil en aiguille ; elle peint, de geste en geste, souvent sur des grands formats pour matérialiser l'espace et y dessiner les mystères.

Ses influences sont, entre autres, Gaston Bachelard, la philosophie du Tantra, les recherches en physique quantique, en astrophysique, les scientifiques et astrophysiciens Fritjof Capra et Michel Cassé, le moine bouddhiste, philosophe et photographe Matthieu Ricard…

Ses grandes thématiques, que vous aurez l'occasion de découvrir au cours de cette exposition, sont les âmes, l'absence et la présence, les sonorités intérieures et les vibrations, la traversée du miroir et son au-delà, les métamorphoses mais aussi plus concrètement, les grands gestes et la sensation physique de peindre, dessiner, mettre de la couleur… Et aussi la maison, le foyer et son intériorité.

La plupart des œuvres présentées aujourd'hui, une soixantaine, n'ont jamais été exposées et appartiennent encore à l'artiste. Elles sont presque toutes postérieures à 2011, beaucoup de peintures en grands formats, proposées par thématique, mais aussi des broderies mêlées à la peinture, une vidéo et des petites sculptures plus anciennes.

Juliette Rousseff et Guy Vandeloise

Le couple d'artistes se rencontrent en 1962 et se marient trois années plus tard. Ils finiront par s'installer à la Chartreuse dans une maison dominant la ville et entourée d'un jardin clos, vaste et sauvage mais néanmoins domestiqué par Guy Vandeloise qui l'investit, l'expérimente comme l'espace d'une toile animée et en perpétuel état d'achèvement. Comme dans son propre travail, que parfois il réinvente, réinterprète. (Une toile peut naître à un moment donné puis se réinventer et renaître plusieurs années plus tard). Ils y mèneront une existence de création bien distincte mais parallèle, complémentaire, animée par une recherche intérieure mais fortement ancrée dans la vie. Ils quitteront cette maison en 2011 pour un nouveau départ. Mais quelques péripéties leur feront attendre longtemps leur nouveau havre enfin trouvé dans une ancienne pharmacie à Grivegnée, à l'architecture art déco, aux espaces amples, géométriques, nets que Juliette Rousseff devra investir et s'approprier par la toile peinte et brodée en recherchant la courbe et le baroque dans les détails des matériaux nobles utilisés dans la maison. Son mari l'y aidera en réinventant, nommant les endroits, pièces, couloirs…

Franchir les portes de cette belle exposition, venir savourer le beau, se laisser gagner par l'émotion, effleurer l'indicible, s'emplir de sens, prendre plaisir à trouver sans chercher ou à chercher sans trouver… Oser emprunter un autre chemin, se laisser guider, redécouvrir ses sens…

Photographies et catalogue

Une installation photographique - petit écho à la BIP (Biennale internationale de l'image possible) qui occupe elle aussi la Boverie - réalisée par la jeune photographe Caroline Dethier (www.carolinedethier.com) qui a pris les photographies du catalogue, nous permettra d'apercevoir les artistes dans une forme d'intériorité autre.

Ce catalogue peut être visionné ici.

Logo officiel

...