Du 06/09/2002 au 05/01/2003
Dédiée aux femmes dans le monde et à leurs conditions, cette exposition s'interrogeait sur les inégalités, conditions de vie, droits bafoués et combats (encore) menés pour le droit à l'égalité...
Articulée autour de deux espaces, l'exposition se présentait sous plusieurs thématiques :
Un parcours fléché déclinait le thème des XIVèmes Journées du Patrimoine en Wallonie : au fil du labeur, celui des femmes bien entendu. Le travail au féminin était abordé sous bien des aspects et ce, depuis le XIXème siècle jusqu'à nos jours. La fileuse, symbole de l'exposition, désignait les objets et documents illustrant le thème. En se présentant à l'accueil, le visiteur recevait un plan du Musée afin de se situer parmi les salles permanentes.
Garantes d'un foyer équilibré, les femmes semblent prédestinées à l'accomplissement de tâches domestiques harassantes, répétitives et tellement banales qu'elles passent inaperçues. Lorsque nécessité oblige, elles effectuent pour autrui un travail mal rémunéré et souvent pénible, voire dangereux. Paysannes, ouvrières, domestiques, employées, sont ces travailleuses de l'ombre que des photographies et des affiches sélectionnées dans les collections du Musée sortaient de l'oubli.
Un salon féminin proposait une halte agréable avant d'accéder au second étage. Espace de questionnement, il était aussi un écrin confortable pour visionner quelques séquences filmées illustrant luttes et revendications jalonnant les XIXème et XXème siècles : le combat pour l'égalité des droits, l'évolution du rôle de la femme jusqu'à aujourd'hui, la grève des femmes de la F.N. en 1966.
La fin du parcours plongeait le visiteur dans l'ambiance de l'école d'autrefois, un décor propice à l'évocation du rôle primordial joué par l'enseignement dans l'émancipation et l'autonomie économique des femmes. Néanmoins, l'égalité face au travail, qu'il soit professionnel ou domestique, n'est pas unanimement reconnue et encore moins appliquée. Epouses et mères parviennent difficilement à concilier carrière et sérénité familiale.
L'exposition de la salle capitulaire présentait la place réservée traditionnellement aux femmes à diverses époques et dans différentes civilisations. Partant du mythe de la première femme, elle montrait la gent féminine telle qu'elle fut figée dans des identités immobilisantes : en effet, ces femmes ne pouvaient être que vierges, mères ou prostituées…
La deuxième partie mettait en exergue les grands acquis du 20e siècle qui se sont concrétisés par une libéralisation des corps (maîtrise de la fécondité, mode moins entravante) et une libéralisation de l'esprit (accès sans restriction aux études supérieures, droit de vote).
Enfin, la dernière partie s'articulait autour d'un escargot géant symbolisant l'androgynie miroir. Autour de cette exposition centrale était esquissé un labyrinthe dans lequel les visiteurs buttaient sur l'évocation des aspects actuels de la situation de la femme ; sa multiplicité et ses contradictions. Une place d'honneur sera réservée à Saint-mathurin (fêté le 9 novembre) et qui , principalement dans le Tournaisis, était évoqué pour se protéger de la méchanceté des femmes.
Editée à l'occasion de l'exposition, elle fut le fruit d'une intéressante collaboration scientifique. Après l'introduction d'A.-G. Krupa, Paul Gérin, professeur émérite de l'Université de Liège, retrace le combat mené par les femmes pour l'application à leur égard des deux grands principes de liberté et d'égalité. Philippe Raxhon, professeur à l'Université de Liège, dresse le portrait de Théroigne de Méricourt, figure féminine de la Révolution.
D'autres auteurs abordent des sujets plus spécifiquement liés à la présence des femmes sur le marché de l'emploi : la nature du stress des femmes au travail par Véronique De Keyser, professeur à l'Université de Liège, la réglementation du travail de nuit par le docteur Eun-Sook-Scherf, l'aménagement du temps de travail par le docteur V. Binet et la protection de la travailleuse enceinte par le docteur C. Willems.
Avec le portrait de l'androgyne, F. Delvaux propose de s'interroger sur la notion même d'identité sexuelle. Les articles d'A. Marchant et de M.-C. Thurion sont les synthèses d'une recherche iconographique opérée dans les remarquables sources documentaires que sont la collection d'affiches et les archives photographiques du Musée de la Vie Wallonne. Le lecteur découvrira comment des artistes, chacun à leur manière et en tenant compte de motivations les plus diverses, ont donné une vision toute personnelle du travail des femmes.
Ouvrage toujours disponible à la vente à la boutique : 10 €
Traces, un fascicule largement illustré, témoigne non seulement de la scénographie mais surtout des réflexions qui ont présidé à la conception de l'exposition présentée dans la salle capitulaire. Parmi les grandes orientations soumises à la perspicacité du visiteur : la vision "androcentrique" de la société déterminant le rôle de la femme, celle-ci devant se montrer modeste, dévouée et point trop intelligente.
Les combats livrés, au XXème surtout, pour obtenir l'accès aux études sans restrictions, à l'espace public et aux niveaux supérieurs hiérarchiques, la reconnaissance du talent artistique, l'égalité, qu'elle soit professionnelle ou domestique, la maîtrise du corps, avec le droit à la contraception, à l'avortement mais aussi à la maternité, le douloureux problème de la stérilité étant parfois résolu grâce aux progrès de la science. On se demande dès lors ce que réserve le XXIème, souvent annoncé comme celui des femmes?
Présenté en un recueil brochuré reprenant des fiches thématiques successives, ce document pédagogique constituait un excellent mini-dictionnaire reprenant les grands thèmes évoqués dans l'exposition (La vie en société, la vie à domicile, le travail des femmes, la condition féminine, la santé et les maladies, l'enseignement, le droit de vote, l'avortement, les grandes grèves...)
Commissaire d'expo : Marie-Claude Thurion (retraitée). Si vous souhaitez de plus amples informations, contactez-nous via info@viewallonne.be